Chapitre 2 : Les Moyersoen d'Assche et leurs successeurs.

Chapitre 2. Les Moyersoen d'Assche et leurs successeurs.


2.1. Les générations anciennes.

I. Jean Moyersoen.

La filiation bien établie commence avec Jean Moyersoen établi à Assche vers la fin du treizième siècle. Un des plus anciens registres de la Chambre des Comptes de Brabant, le relevé des cens et rentes dus au domaine ducal, au quartier de Bruxelles, dressé en 1321, mentionne :

Magister Johannes Moyersoens

Margarete uxor Johannis Moyersoens

Henricus ejus filius 1.

Il est logique d'admettre qu'Henri Moyersoen avait déjà en ce moment atteint sa majorité, ce qui fait reporter sa naissance à la fin du treizième siècle et celle de son père au milieu du même siècle.


II. Henri Moyersoen.

Il figure dans le registre central du domaine du duc de Brabant établi dans le quartier d'Overzenne, comme devant payer un cens de 11 ½ sols et 3 capons pour une terre située à Assche. Ce registre n'est pas daté, mais les caractères paléographiques de l'écriture montrent à l'évidence que sa composition se place au quatorzième siècle 2.


III. Jean II Moyersoen.

Au sujet de ce troisième personnage, il faut recourir au registre central suivant du même quartier d'Overzenne, rédigé au quinzième siècle. Mais ici on peut relever des précisions plus grandes. Il est enregistré que Jean Moyersoen paie un cens de 11½ sols, 3 capons pour un immeuble qui est situé à Assche sur la chaussée, en face du «Guldenhoef» et où il habite. Cette propriété appartenait précédemment à son père astreint de ce chef à la même redevance 3.

Nous connaissons une seconde mention de Jean Moyersoen dans un acte daté du 18 décembre 1437, et passé devant les hommes de la Cour féodale d'Afflighem. Le document est relatif à la prise de possession d'un fief relevant du monastère par une demoiselle Catherine T'Serstevens. Il est indiqué que Jean Moyersoen d'Assche est le tenancier de ce fief 4.

Le personnage en question mourut avant le 9 avril 1482, ainsi qu'il résulte d'un acte daté de ce jour et relatif à son fils Jean III dont il sera question plus loin.

On connaît à Jean II trois fils, Jean III auteur de la première branche, Nicolas auteur de la seconde et Gilles. La descendance des deux premiers sera relatée ci-après. Gilles Moyersoen, fils de Jean II, succède à son père comme tenancier du fief appartenant à Catherine T'Serstevens et en fait le relief à la date du 28 juin 1458 5. Nous savons en plus qu'il fut tenancier du domaine royal, en ce sens qu'il loue une petite pièce de terre de 8 verges située à Assche, touchant au marché et pour laquelle il paie une redevance de 9 deniers. Il parait comme tel une première fois dans le compte de domaine du quartier d'Overzenne de 1438-1439 6 puis dans tous les comptes suivants jusqu'à celui de 1461-1462 7.


2.2. La première branche.

Jean III Moyersoen. 

Jean III reste possesseur de l'immeuble occupé par ses prédécesseurs à Assche et dont on apprend maintenant qu'il porte comme enseigne «de sterre». Il continue à payer de ce chef une redevance de 11½ sols et 3 capons et est mentionné dans trois registres centraux successifs (8).

Jean III Moyersoen avait épousé Elisabeth van Nieuwenhoven. Comparant à la date du 9 avril 1482 devant les échevins d'Assche - qui précisent qu'il est fils de feu Henri - il achète à Pierre et Guillaume de Beyst une rente viagère du montant d'une couronne d'or de France qui sera payable tant que vivront Elisabeth van Nieuwenhoven, femme de l'acquéreur ou leur fils, Josse (9).

Josse Moyersoen

Josse Moyersoen fut admis dans le lignage bruxellois de Rodenbeke. L'attestation requise est donnée par Adrien van Droogenbroek, maieur d'Assche, membre du lignage et Geert Ranspoet, clerc de la ville de Bruxelles. Ceux-ci attestent que Josse est fils légitime de Jean Moyersoen et d'Elisabeth van Nieuwenhoven. De ce chef, Jean van Buyseghem, échevin de Bruxelles procède à l'admission de Josse dans le lignage à la date du 6 avril 1498 (10). Il avait épousé Elisabeth van Heylborre, fille de Pierre et de Marguerite van Robbroeck. A la date du 27 septembre 1501, il conclut devant les échevins d'Assche une convention d'accord avec sa belle-mère, alors veuve, Jean et Catherine van Heylborre, frère et soeur de sa femme (11).

Josse Moyersoen est mort avant le 8 janvier 1517. Ce jour, Elisabeth van Heylborre (Voir l'arbre), maintenant veuve de «maître» Joos Moyersoen. comparait devant les échevins de la franchise d'Assche et vend à Pierre t'Kint, l'immeuble «de Sterre» qui pendant plusieurs générations avait appartenu aux Moyersoen. On déclare qu'il s'agit d'une ferme brûlée, avec toutes ses appendances, située à Assche dans la «wagestrate». L'acquéreur payera en retour une rente annuelle de trois florins du Rhin, à payer la veille de la Noël, qui se trouvera hypothéquée sur la maison que l'acquéreur se propose de reconstruire (12).

Les époux Moyersoen van Heylborre eurent au moins quatre enfants.

Henri II qui suit

Jean

Josse II, dont naquit un autre Jean

Marguerite qui épousa Jacques de Buysschere.

Les deux Jean Moyersoen, oncle et neveu et Marguerite Moyersoen moururent sans héritiers et l'ensemble de leur succession fut recueillie par la descendance, ainsi qu'il appert de l'acte du 28 novembre 1585 qui sera rapporté ci-après. 


Henri II Moyersoen.

On peut citer à propos d'Henri Moyersoen deux actes concernant des acquisitions de propriétés. Le premier est passé devant la Cour central de Grand Bigard le 25 novembre 1524. Il concerne la vente faite par Barbe van Keystrebeke, fille de Jaspar et de Marguerite Moyersoen, peut-être parente éloignée d'Henri, à «maître» Henri Moyersoen, fils de feu «maître» Josse et de «demoiselle» Elisabeth van Heylborre, encore en vie d'une rente en nature à payer au jour de Saint André l'apôtre et pour le payement de laquelle elle engage tous ses biens (13).

Le second est passé devant la cour seigneuriale d'Assche en date du 3 décembre 1551. Corneille Moyersoen fils de Pierre - lui aussi sans doute parent éloigné d'Henri, procureur de Jean de Dobbelaer, vend au profit de «maître» Henri Moyersoen fils de feu «maître Josse» et de demoiselle Barbe van der Haghen sa femme diverses pièces de terre situées 8 Assche (14).

Henri Moyersoen fut secrétaire de la ville de Bruxelles et mourut le 4 septembre 1553. Sa femme devait lui survivre jusqu'au 7 avril 1567. L'un et l'autre furent enterrés dans la nef centrale de l'église St Géry qui était sans doute leur paroisse. On y trouva leur pierre sépulcrale sur laquelle étaient gravées les armes des deux époux (15).

















La première branche de la famille Moyersoen s'éteint dans la descendance d'Henri II. Nous connaissons à celui-ci trois enfants.

Marie qui épouse Arnould Wevels, licencié en droit et avocat.

Elisabeth qui épousa Pierre de Pape, secrétaire de la ville de Bruxelles, comme l'avait été son beau-père Henri II. Pierre de Pape mourut à Bruxelles le 28 janvier 1573 et sa femme le suivit, le 18 juillet 1603. Ils eurent tous deux inhumés dans l'église St Géry, sous la dalle qui recouvrait la dépouille de leurs parents et beaux-parents (16).

Pierre qui ne laissa qu'une fille Catherine Moyersoen devenue l'épouse de Nicolas van den Brande, conseiller au Conseil de Brabant.

Les trois derniers représentants de la branche, Marie et son mari Arnould Wevels, Elisabeth maintenant veuve et Catherine, escortée de son mari Le conseiller van den Brande, passèrent ensemble deux conventions datées respectivement du 28 novembre 1585 et 15 avril 1586. La première concerne la liquidation des successions de leur oncle Jean, de leur cousin Jean, fils de Josse II et de leur tante Marguerite veuve de Jacques de Buysschere, tous trois morts sans héritiers (17). L'autre acte concerne la succession de leur mère et grand mère Barbe van der Haghen (18).

Catherine est l'ultime descendante de Jean II. Elle est la seule dont nous puissions dater assez exactement les moments principaux de sa vie. Elle est née en 1559, se maria en 1578 et mourut à Bruxelles le 16 janvier 1616. L'année suivante son mari fit déposer sur la tombe de la défunte couchée dans la chapelle du Saint Sacrement de la collégiale de Ste Gudule, une épitaphe rédigée en latin qui permet d'établir les différentes dates que nous avons citées (19).

Le conseiller van den Brande mourut lui-même en 1622. Il avait écrit lui-même son testament, cacheté de ses armes. Le testateur stipulait entre autres qu'il disposait du patrimoine qui lui avait été légué par sa femme défunte et léguait le tout à ses deux demi-soeurs Catherine Crockaert épouse de Jean vander Leene, conseiller de Brabant et Anne Crockaert veuve de Jacques Oosterlinck (20).

On peut voir là la preuve que le conseiller et sa femme étaient morts sans enfants.


2.3. La seconde branche.

IV. Nicolas Moyersoen.

Nicolas est fils de Jean II et frère de Jean III l'auteur de la première branche. Il a vécu au XVe siècle.

A la date du 27 octobre 1495, il avait fait devant les échevins d'Assche l'acquisition d'une pièce de terre située dans la paroisse d'Esschen, jusque là la propriété de Josse Wouts (21). Une contestation devait surgir à ce propos dans la suite et c'est à propos de celle-ci qu'on apprend que Nicolas laisse plusieurs enfants, dont son fils Gilles qui suit.

V. Gilles Moyersoen.

Gilles Moyersoen recueillit de son père la terre située à Esschen. Il avait épousé Marguerite van Wiese. Il était mort à la date du 10 janvier 1554, avant sa femme et laissait d'elle deux fils Henri et Jean qui constituèrent les deux rameaux de !a seconde branche de la famille.


Bâtie en 1520 en style flamboyant, à l'emplacement de l'ancienne chapelle castrale, l'église Saint-Géry était un édifice religieux remarquable, tant par son architecture que par les oeuvres d'art qu'elle abritait. On y voyait notamment des tableaux de Coxies, de De Crayer, de W. Cobergher et de Van Loon.

La tour carrée et massive du sanctuaire abritait la grosse cloche de la fameuse tour Saint-Nicolas, écroulée en 1714. Un tunnel passait sous l'édifice afin de permettre la circulation des chariots des brasseurs allant du quai des Poissonniers à la rue des Pierres.

Mis en vente publique en l'an VII de la République française, le bâtiment devint la propriété de l'acheteur, un Turc du nom d'Amor. Le trésor de l'église fut partagé entre les églises voisines, des Riches-Claires et du Bon-Secours. L'autel et la statue qui l'ornaient prirent place dans le premier de ces édifices religieux.


Aquarelle. Anonyme. Dix-huitième siècle. H : 0,38- L : 0,50. Musée communal de Bruxelles.


    C
HAMBRE DES COMPTES. reg. 44.824. fol. 50.


CHAMBRE DES COMPTES. reg. 44.909. fol. 5 P.

CHAMBRE DES COMPTES, reg. U.910, fol. 22 v°.

Archives de l'Abbaye d'Afflighem reg. des biens féodaux renouvelé en 1443.

Document cité à la note précédente.

CHAMBRE DES COMPTES, reg. 4733. fol. 5.

IBID. reg. 4735. fol. 9.

IBID. reg. M914. fol. P v° - 44915. fol. 13 v° - 44918. fol. 17 \P.

Registre des Echevins d'Assche commencé en 1481

BIBLIOTHEQUE ROYALE: Manuscrit du fonds Houwaert reg. II wss. fol. 363.

Registre des échevins d'Assche commencé en 1499. fol. 61 P.

GREFFES SCABINAUX DE L'ARRONDISSEMENT DE BRUXELLES, reg. 211. fol. 204.

GREFFES SCABINAUX DE L'ARRONDISSEMENT DE BRUXELLES. reg. 760. fol. 134.

GREFFES SCABINAUX DE L'ARRONDISSEMENT DE BRUXELLES, reg. 83, fol. 1 v°

ARCHIVES DE L* VILLE DE BRUXELLES, Epitaphier de Saint-Géry n° 84

Ibid.

ARCHIVES DE L'ETAT A GAND. Fonds de Nave de Rode, n° 184.

BIBLIOTHEQUE ROYALE. manuscrit 116547 fo. 11.

ARCHIVES GENERALES. manuscrits divers, Histoire du Conseil de Brabant. reg. 1763. fol. 629.

ARCHIVES DE LA COMMUNE D'ASSCHE Liasse Moyersoen.

Registre des échevins d'Assche.


                                                                                                                                                                                              Chapitre 3

Famille MOYERSOEN