Il naquit à Liège, le 31 juillet 1802. Après avoir fait ses études à l'université de Liège, qui le proclama docteur en droit, (juris romani et hodierni) par diplôme du 2 août 1824, il s'inscrivit au barreau liégeois, en prêtant le serment d'avocat, le 7 août 1824.
Il s'y fit bientôt remarquer par son talent, son patriotisme et son énergie1. Lors qu'éclata la Révolution qui devait amener l'affranchissement de la Belgique de la domination hollandaise, il y participa activement et fut investi des fonctions de commandant en second de la Garde urbaine liégeoise (2) et il fut le secrétaire de la Commission qui traita de la reddition de la Citadelle de Liège, occupée par les troupes hollandaises. Un arrêté du Conseil de régence du 15 septembre 1830, instituant un Comité consultatif, sur toutes les mesures de sûreté publique qui seraient jugées nécessaires, désigna entre autres, Joseph Forgeur pour en faire partie. Elu membre du Congrès national par le district de Huy (3), il fut l'un des quatre premiers secrétaires de cette assemblée.
Ce serait sortir du cadre de cette généalogie, que de retracer ici l'importante participation de Joseph Forgeur, dans l'œuvre magistrale, accomplie par le Congrès National pour l'affranchissement de la Belgique, et ce serait chose peu aisée tant il fut de toutes les discussions, tant il fut l'auteur de nombreux projets.
Il présenta entre autres, avec Messieurs Fleussu, Liedts et Barbanson, un contre-projet de Constitution; il prononça un fort beau discours en faveur de la forme monarchique pour le nouvel Etat, et son éloquence et ses profondes études, lui valurent beaucoup d'influence. Le Congrès terminé, il s'adonna de nouveau à Liège, à la pratique du barreau où il acheva d'y acquérir le renom d'un maître de l'éloquence judiciaire.
Il fut membre du Conseil communal de sa ville natale et pendant plusieurs années bâtonnier de l'Ordre des Avocats(4).
Rentré dans la vie parlementaire, il fut élu le 12 mai 1851, sénateur pour l'arrondissement de Liège, en remplacement de feu Monsieur le baron de Potesta. Il devint le chef et l'orateur le plus marquant du groupe libéral de la Haute Assemblée; aussi vit-il son mandat constamment renouvelé.
Il fut également, président de l'Association de l'Union libérale de Liège. Ses nombreuses occupations ne l'empêchèrent pas de s'intéresser aux affaires industrielles. Il fut président du Conseil d'administration des Chemins de fer de Braine-le-Comte à Gand; administrateur des charbonnages de Patience et Beaujonc à Glainlez-Liège; administrateur des Usines à Zinc de la Vieille-Montagne, membre du Comité de Surveillance de la Société civile du Passage Lemonnier à Liège, dont il fut un des fondateurs, etc.
En récompense de ses services, Sa Majesté le Roi Léopold II, lui accorda concession de noblesse et du titre de baron par diplôme daté du 8 février 1872. Le titre de baron sera porté par lui et tous ses descendants légitimes de l'un ou l'autre sexe.
Il était Grand officier de l'Ordre de Léopold, décoré de la Croix de Fer et Commandeur de l'Ordre royal du Christ de Portugal.
Il avait épousé à Liège, le 31 mars 1830, Rose-Albertine-Eugénie Dupont, née à Liège le 2 juillet 1810, fille de Quirin Lambert-Joseph, président à la Cour d'appel de Liège et de Marie-Anne-Françoise-Elisabeth Fabry (5). Elle était la fille de Jacques-Joseph (de) Fabry, mayeur en féauté, Conseiller actuel de Son Altesse Eminentissime de Cologne et bourgmestre de Liège en 1770-1783-1789 et 1790, et de Marguerite-Marie Bertoz.
Quirin-Lambert-Joseph Dupont (Voir Page Dupont), était fils de Quirin-Baudouin, commissaire de la Cité de Liège en 1746, et de Jeanne-Elisabeth de Marteau, sa seconde femme.
Le baron Joseph Forgeur, mourut à Liège, en son hôtel de la rue du Pot d'Or, le 17 février 1872, et son épouse le 2 février 1879.
Voir aussi "LES GENS DE ROBE LIEGEOIS ET LA REVOLUTION DE 1830"
De leur union sont issus :
la baronne, Marie-Anne-Coraly, née à Liège le Il mars 1831 et y décédée sans alliance, le 24 janvier 1891.
le baron, Georges-Charles-Lambert-Lamoral, né à Liège le 16 juin 1838, y décédé le 26 juin 1931, sans avoir contracté d'alliance.
Il fit une brillante carrière dans la diplomatie, dont il fit partie, dès l'âge de dix-neuf ans. Voici ses états de service et les différents pays auprès desquels, il fut accrédité :
Le 31 juillet 1856, il est nommé attaché de Légation, et envoyé en cette qualité à Londres en février 1857, puis à La Haye, en décembre 1858.
En septembre 1859, il est second secrétaire de Légation, et il fait partie de la Mission extraordinaire belge envoyée à Stockholm, pour répondre à la notification faite par le baron Bonde, au nom de S. M. le Roi Charles XV, de son avènement au trône, comme roi de Suède et de Norvège.
En novembre 1859, il est promu secrétaire de deuxième classe, et en juin 1860, rappelé à Bruxelles, il est attaché au Cabinet du ministre des affaires étrangères.
En juillet 1862, il est à Lisbonne, comme secrétaire de Légation, et en juillet 1863, nommé secrétaire de Légation de première classe, il est adjoint à la Mission belge à Constantinople.
En février 1865, il est accrédité à la Légation belge à Madrid. En décembre 1867, il est premier secrétaire à Florence et en 1869, premier secrétaire à Vienne.
Le ler février 1870, toujours à Vienne, ville où il résida durant treize ans, il est nommé conseiller de Légation. En 1881, il y remplit les fonctions de conseiller d'Ambassade extraordinaire à l'occasion du mariage de S. A. R. la princesse Stéphanie de Belgique, avec S. A. I. et R. l'archiduc Rodolphe d'Autriche. C'est à la suite de cet événement qu'il reçu la Grand'Croix (6) de lOrdre de François-Joseph d'Autriche.
Le 28 novembre 1883, il est nommé ministre résident et envoyé au Caire, pour y exercer les fonctions d'agent et de consul général. Lors de la présentation de ses lettres de créance, il fut reçu par S. A. le Khédive Tewfik pacha, au son de la Brabançonne et au bruit de vingt et un coups de canon. Son Altesse lui fit cadeau d'un superbe sabre turc.
Le 18 octobre 1884, il est accrédité, comme Ministre résident, auprès des Cours de Danemark et de Suède, avec résidence à Stockholm. Le 28 août 1888, il est promu envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. le Roi des belges, auprès des mêmes Cours.
Le 20 mars 1892, il est accrédité en la même qualité à Bucarest. Il y conclut un traité de commerce entre la Belgique et la Roumanie.
Enfin, en mars 1894, toujours comme envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. le Roi des belges, il est accrédité à Madrid, où il exerça ces fonctions jusqu'au mois de novembre de l'année 1895, date, où il fut placé en disponibilité sur sa demande, souffrant d'un décollement de la rétine.
Il était Grand officier de l'Ordre de Léopold, décoré de la Croix civique de première classe et de la Médaille commémorative du Règne de S. M. le Roi Léopold II; Grand-Croix de l'Ordre royal et distingué de Charles III d'Espagne; Grand-Croix de l'Ordre de François-Joseph d'Autriche; Grand-Cordon de l'Ordre de la couronne d'Italie; Grand-Croix de l'Ordre de l’Etoile de Roumanie; Grand-Cordon de l'Ordre du Danebrog de Danemark; Grand-Cordon de l’Ordre de l’Etoile polaire de Suède; Grand officier de l'Ordre impérial de l'Osmanié de Turquie; Commandeur de l'Ordre de Léopold d'Autriche; Commandeur de Nombre avec plaque de l'Ordre royal d'Isabelle la Catholique d'Espagne; Commandeur avec plaque de l'Ordre royal du Christ de Portugal; Officier de l'Ordre des Saints Maurice et Lazare d'Italie; Officier de l'Ordre du Sauveur de Grèce; Officier de l'Ordre de la Couronne de chêne lui décernée par S. M. le Roi des Pays-Bas, Grand-Duc de Luxembourg; et, Chevalier de l'Ordre de Saint-Olaf, lui octroyée par S. M. le Roi de Suède et de Norvège.
Il obtint, conjointement avec son frère, le 12 août 1888, augmentation d'armoiries, consistant en l'adjonction à celles concédées à son père en 1872, de celles dont les membres de sa famille faisaient usage aux siècles derniers.
la baronne, Marguerite-Pauline-Marie, née à Liège le 17 avril 1840, y décédée le 2 novembre 1928. Elle épousa à Liège, le 15 juin 1871, civilement la veille, Jean-Marie-Lucien-Hubert Smits (7), ingénieur, né à Vaux-sous-Chèvremont, le 17 mai 1843, décédé à Sclessin Ougrée, le 21 décembre 1904, fils de Jean-Théodore-Alphonse Hubert et de Jonkvrouwe Joséphine Catherine Hubertine Smits van Eckart; petit-fils de Théodore Smits et de Marie Catherine Jeanne van der Straeten; Joséphine Smits van Eckart, était la fille du Jonkheer Jean Jacques Smits van Eckart, membre de la Première chambre des Etats-Généraux des Pays-Bas, et de Marie Thérèse Merkx.
le baron Albert-Eugène-Hyacinthe, qui suit.
Chapitre 10 : Baron Joseph FORGEUR
Généalogie Forgeur
Respect de la vie privée.
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Par arrêté du Conseil de régence du 3 septembre 1830, nommant commândant de la Garde liégeoise, Monsieur Charles Behr, commandants adjoints:Messieurs Joseph Forgeur, avocat, Louis de Waha, Grisard et Verken ainé, avocat.
Pour la participation de Joseph Forgeur au Congrès National de 1830, voyez:Les discussions du Congrès National par Huyttens de Terbecq; Eugène Defacqz et Joseph Forgeur par Théodore juste; les Gens de robe liégeois et la Révolution de 1830, par la Conférence du jeune barreau de Liège (1931).
En sa séance du 4 mars 1865, la Conférence du jeune barre-au liégeois, décida de lui offrir son portrait, en reconnaissance de l'initiative qu'il avait prise de doter le jeune barreau d'une bibliothèque. Il fut peint par Nisen, et Joseph Forgeur le légua par testament ainsi que tous les livres de droit de sa bibliothèque personnelle, au jeune barreau. Ce portrait orne actuellement une des salles de la bibliothèque du barreau au Palais de justice à Liège. Le 11 juillet 1879, le Conseil communal, donna son nom à une nouvelle rue de Liège, « la rue Forgeur », belle voie de communication, d'une largeur de vingt mètres, qui relie le boulevard Frère-Orban à l'avenue Rogier.
Elle était la soeur de Jacques Hyacinthe Fabry, né à Liège le 13 décembre 1758 et y décédé le 13 janvier 1851, qui eut une carrière politique et judiciaire des plus remarquable. Reçu licencié en droit le 4 septembre 1780, il obtint en 1781, avec dispense d'âge la place de Mayeur en Feauté de la Cité de Liège. Successivement, il est receveur général de la Cité, membre de l'administration provisoire en 1792. Administrateur du département de l'Ourthe, officier municipal. En 1797, ses concitoyens l'élirent au Conseil des Cinq Cents, et le 7 nivôse an VIII il fut au Corps législatif à Paris, où il siègea jusqu'en 1802. Renonçant à la vie politique, il fut juge au tribunal criminel du département de la Meuse inférieure, puis à partir du 4 avril 1807, conseiller à la Cour impériale de Liège. Enfin, le 16 octobre 1830, le gouvernement provisoire belge, lui décerna le titre de président honoraire à la Cour d'appel de Liège.
Les termes Grand'Croix ou Grand-Cordon, signifiant en réalité la même chose, Edgar a respecté l'expression employée par les diplômes.
Smits: famille originaire des Pays-Bas, dont les armoiries sont: Coupé au premier de gueules à trois flanchis d'argent rangés en fasce; au second d'or à deux roses accostées de gueules, tigées et feuillées de sinople, les roses affrontées, les tiges courbées vers dextre et vers senestre. Bourrelets:de gueules et d'or. Cimier:une rose de gueules, tigée et feuillées de sinople, la tige courbée vers senestre. Lambrequins d'or et de gueules. La branche des Smits vam Oyen, y ajoute:un écusson d'azur, au pal accosté de deux lions affrontés le tout d'or, brochant en abîme sur le tout. Voir notice généalogique succincte sur cette famille
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